L'ours qui n'était pas là

 

 

 

L'Ours qui n'était pas là

Oren Lavie et Wolf Erlbruch
La Joie de Lire

 

Après La grande Question, écrit et illustré par Wolf Erbruch, ce dernier nous fait de nouveau réfléchir et rêver avec cet album écrit par Oren Lavie, musicien et metteur en scène israëlien qui signe ici son premier livre.

 

 

Il était une fois un ours qui n'était pas là.

Etait-il amnésique?

 

Quoi qu'il en soit, il était ailleurs.

Tellement ailleurs qu'il ne savait pas ou plus ce qu'il était, ni qui il était.

 

Guidé par ses seules sensations, l'ours part à la découverte de lui-même, littéralement.

 

Dans sa poche, un mot manuscrit questionnant :

"Es-tu bien moi?"

 Et donnant quelques indices : 

 

1. Je suis un ours très gentil

2. Je suis un ours heureux

3. Et en plus, très beau.

 

Bien entendu, l'ours dépendra d'abord du regard de l'autre pour comprendre qui il est et quelle perception les autres ont de lui.

Sa rencontre avec la vache complaisante, le lézard paresseux et le pingouin pénultième lui seront utiles pour découvrir quel genre d'ours il est ou n'est pas, ce qu'il sait ou ce qu'il ne sait pas.

 

Auprès du pingouin pénultième, l'ours apprendra qu'il ne sait rien, à priori, ou moins que d'autres, mais que ce qu'il ressent a autant de valeur que les savoirs absolus que les autres se tiennent pour dit.

 

"Belles n'est pas un nombre !" éructe le pingouin pénultième

"Ce n'est peut-être pas un nombre normal, dit l'ours, c'est un nombre spécial pour les fleurs.

- Non, c'est faux ! Cria le pingouin".

 

 

 


Une fois confronté à la suffisance et aux limites de ceux qui pensent posséder tout le savoir, sans laisser grande place à l'imagination, l'ours peut partir en direction de "en avant" sur le dos d'une tortue taxi.

 

Lentement. Car "lentement, dit la Tortue, est la seule façon d'aller n'importe où dans cette forêt". Et en se perdant, plusieurs fois, et c'est "tant mieux", dit l'ours. Car se tromper de chemin fait partie du voyage.

 

Et c'est au terme d'un long et lent voyage que l'ours trouve sa maison, et son "pays de connaissance". C'est là, dans sa maison, face à son reflet dans le miroir, que l'ours se reconnaît enfin, se parle, se salue, et sait enfin ce que c'est d'être lui-même.

 

"Enchanté de me connaître".

 

Cet album très philosophique, rempli d'une pensée positive, est un véritable coup de coeur, une révélation que je n'ai pas encore terminé de sonder, de méditer. Il me faudrait encore d'autres lectures pour en tirer la substantifique moëlle !

 

Je le comprends comme une invitation au voyage, tant en soi-même que dans le monde, dans la rencontre avec l'Autre, pour comprendre qui l'on est. Car c'est cela, grandir, et il faut toute une vie pour se connaître vraiment.

 

Est-ce que je me connais vraiment? Ma sensibilité à cet album m'a montré que non. Comme l'ours, nous avons trop souvent besoin du regard de l'autre pour nous construire, ne sachant que penser de nous-mêmes. Nous laissons la pupille de l'autre nous façonner, nous construire.

 

Ce livre est aussi une ode à l'imagination. Le personnage du pingouin pénultième m'a paru particulièrement agaçant, suffisant, si sûr de tout savoir mieux que tout le monde.

Le texte nous apprend que nos pensées, nos sensations, si fantaisistes soient-elles, notre imagination en somme, vaut autant que la réalité, et me rappelle un peu mes impressions après la lecture du Petit Prince. On y apprend à se considérer soi-même avec bienveillance.

 

Une lecture qui fait du bien, vraiment, et donne matière à réflexion quel que soit l'âge. 
Je n'ai peut-être pas compris cet album de la même façon que vous, mais c'est bien à cela que sert la littérature, non? A trouver des échos, des interprétations propres à chaque lecteur ...

Chapeau Bas Messieurs !

J'ai hâte de connaître les prochains écrits d'Oren Lavie, avouez que rien que son nom fait rêver ... :)

 

 

 

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